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sévère, mais polie, et ne se fâchait point, de peur de perdre ses
pratiques. La dame se faisait appeler la marquise de Parolignac. Sa
fille, âgée de quinze ans, était au nombre des pontes, et avertissait d'un
clin d'oeil des friponneries de ces pauvres gens qui tâchaient de réparer
les cruautés du sort.
L'abbé périgourdin, Candide, et Martin, entrèrent; personne ne se leva, ni
les salua, ni les regarda ; tous étaient profondément occupés de leurs
cartes. «Madame la baronne de Thunder-ten-tronckh était plus civile »,
dit Candide.
Cependant l'abbé s'approcha de l'oreille de la marquise, qui se leva à
moitié, honora Candide d'un sourire gracieux, et Martin d'un air de tête
tout à fait noble ; elle fit donner un siège et un jeu de cartes à Candide,
qui perdit cinquante mille francs en deux tailles : après quoi on soupa
très gaiement ; et tout le monde était étonné que Candide ne fût pas
ému de sa perte ; les laquais disaient entre eux, dans leur langage de
laquais: « Il faut que ce soit quelque milord anglais. » Le souper fut
comme la plupart des soupers de Paris :
d'abord du silence, ensuite un bruit de paroles qu'on ne distingue point,
puis des plaisanteries dont la plupart sont insipides, de fausses
nouvelles, de mauvais raisonnements, un peu de politique, et beaucoup
de médisance; on parla même de livres nouveaux. « Avez-vous vu, dit
l'abbé périgourdin, le roman du sieur Gauchat, docteur en théologie ?
- Oui, répondit un des convives ; mais je n'ai pu l'achever Nous avons
une foule d'écrits impertinents; mais tous ensemble n'approchent pas de
l'impertinence de Gauchat, docteur en théologie ; je suis si rassasié de
cette immensité de détestables livres qui nous inondent que je me suis
mis à ponter au pharaon. - Et les Mélanges de l'archidiacre T..., qu'en
dites-vous ? dit l'abbé. - Ah ! dit madame de Parolignac, l'ennuyeux
mortel ! comme il vous dit curieusement ce que tout le monde sait !
comme il discute pesamment ce qui ne vaut pas la peine d'être remarqué
légèrement!
comme il s'approprie, sans esprit, l'esprit des autres!
comme il gâte ce qu'il pille ! comme il me dégoûte ! mais il ne me
dégoûtera plus ; c'est assez d'avoir lu quelques pages de l'archidiacre. »
Il y avait à table un homme savant et de goût qui appuya ce que disait la
marquise. On parla ensuite de tragédies ; la dame demanda pourquoi il y
avait des tragédies qu'on jouait quelquefois, et qu'on ne pouvait lire.
L'homme de goût expliqua très bien comment une pièce pouvait avoir
quelque intérêt, et n'avoir presque aucun mérite ; il prouva en peu de
mots que ce n'était pas assez d'amener une ou deux de ces situations
qu'on trouve dans tous les romans, et qui séduisent toujours les
spectateurs, mais qu'il faut être neuf sans être bizarre, souvent
sublime et toujours naturel ; connaître le coeur humain et le faire
parler; être grand poète sans que jamais aucun personnage de la pièce
paraisse poète ; savoir parfaitement sa langue, la parler avec pureté,
avec une harmonie continue, sans que jamais la rime coûte rien au sens.
« Quiconque, ajouta-t-il, n'observe pas toutes ces règles peut faire une
ou deux tragédies applaudies au théâtre, mais il ne sera jamais compté
au rang des bons écrivains ; il y a très peu de bonnes tragédies :
lés unes sont des idylles en dialogues bien écrits et bien rimés ; les
autres, des raisonnements politiques qui endorment, ou des
amplifications qui rebutent ; les autres, des rêves d'énergumène, en
style barbare, des propos interrompus, de longues apostrophes aux
dieux, parce qu'on ne sait point parler aux hommes, des maximes
fausses, des lieux communs ampoulés. » Candide écouta ce propos avec
attention, et conçut une grande idée du discoureur ; et, comme la
marquise avait eu soin de le placer à côté d'elle, il s'approcha de son
oreille, et prit la liberté de lui demander qui était cet homme qui
parlait si bien. « C'est un savant, dit la dame, qui ne ponte point, et que
l'abbé _m'amène quelquefois à souper: il se connaît parfaitement en
tragédies et en livres, et il a fait une tragédie sifflée, et un livre dont
on n'a jamais vu hors de la boutique de son libraire qu'un exemplaire,
qu'il m'a dédié.
- Le grand homme ! dit Candide, c'est un autre Pangloss. » Alors, se
tournant vers lui, il lui dit : « Monsieur vous pensez, sans doute, que
tout est au mieux dans le monde physique et dans le moral, et que rien
ne pouvait être autrement ? - Moi, monsieur lui répondit le savant, je
ne pense rien de tout cela : je trouve que tout va de travers chez nous ;
que personne ne sait ni quel est son rang, ni quelle est sa charge, ni ce
qu'il fait, ni ce qu'il doit faire, et qu'excepté le souper qui est assez
gai, et où il paraît assez d'union, tout le reste du temps se passe en
querelles impertinentes : jansénistes contre molinistes, gens du
parlement contre gens d'église, gens de lettres contre gens de lettres,
courtisans contre courtisans, financiers contre le peuple, femmes
contre maris, parents contre parents ; c'est une guerre éternelle. »
Candide lui répliqua: « J'ai vu pis : mais un sage, qui depuis a eu le
malheur d'être pendu, m'apprit que tout cela est à merveille: ce sont des
ombres à un beau tableau.
- Votre pendu se moquait du monde, dit Martin; vos ombres sont des
taches horribles. - Ce sont les hommes qui font les taches, dit Candide,
et ils ne peuvent pas s'en dispenser. - Ce n'est donc pas leur faute », dit
Martin. La plupart des pontes, qui n'entendaient rien à ce langage,
buvaient ; et Martin raisonna avec le savant, et Candide raconta une
partie de ses aventures à la dame du logis.
Après souper, la marquise mena Candide dans son cabinet, et le fit
asseoir sur un canapé. « Eh bien ! lui dit-elle, vous aimez donc toujours
éperdument mademoiselle Cunégonde de Thunder-ten-tronckh ? - Oui,
madame », répondit Candide. La marquise lui répliqua avec un sourire
tendre :
« Vous me répondez comme un jeune homme de Vestphalie ; un Français
m'aurait dit : " Il est vrai que j'ai aimé mademoiselle Cunégonde ; mais,
en vous voyant, madame, je crains de ne la plus aimer " - Hélas !
madame, dit Candide, je répondrai comme vous voudrez. - Votre passion
pour elle, dit la marquise, a commencé en ramassant son mouchoir ; je
veux que vous ramassiez ma jarretière. - De tout mon coeur », dit
Candide ; et il la ramassa. « Mais je veux que vous me la remettiez »,
dit la dame ; et Candide la lui remit. « Voyez-vous, dit la dame, vous
êtes étranger ; je fais quelquefois languir mes amants de Paris quinze
jours, mais je me rends à vous dès la première nuit, parce qu'il faut
faire les honneurs de son pays à un jeune homme de Vestphalie. » La
belle, ayant aperçu deux énormes diamants aux deux mains de son jeune
étranger, les loua de si bonne foi que des doigts de Candide ils
passèrent aux doigts de la marquise.
Candide, en s'en retournant avec son abbé périgourdin, sentit quelques
remords d'avoir fait une infidélité à mademoiselle Cunégonde ;
monsieur l'abbé entra dans sa peine ; il n'avait qu'une légère part aux
cinquante mille livres perdues au jeu par Candide, et à la valeur des
deux brillants moitié donnés, moitié extorqués. Son dessein était de
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